Entrer dans l’univers de l’immobilier, c’est souvent un projet excitant : acheter son premier appartement, investir dans un bien locatif ou vendre une maison de famille. Mais c’est aussi un terrain semé d’embûches juridiques, fiscales et pratiques. D’après de nombreux notaires, certaines erreurs reviennent trop souvent chez les particuliers.
Voici une synthèse claire et accessible de 13 conseils concrets, tirés de l’expérience de notaires de terrain, pour sécuriser vos projets et éviter les pièges classiques.
1. Ne pas consulter un notaire trop tard
Beaucoup de particuliers attendent le moment de la signature pour faire intervenir un notaire. Erreur. En réalité, le notaire peut (et doit) être consulté bien avant, dès les premières réflexions sur un achat ou une vente.
Pourquoi ?
- Il vérifie la situation juridique du bien.
- Il identifie d’éventuels problèmes de titres, de mitoyenneté ou d’urbanisme.
- Il vous éclaire sur les droits de succession, les avantages fiscaux possibles ou les bonnes structures d’achat (SCI, indivision, etc.).
Source utile : Notaires de France – Pourquoi consulter un notaire ?
2. Signer un compromis de vente sans l’avoir lu attentivement
Le compromis est un contrat à effet réel. Il engage juridiquement. Pourtant, certains acheteurs ou vendeurs le signent un peu trop vite, sans comprendre les clauses, les conditions suspensives ou les pénalités.
À faire absolument :
- Lire chaque clause.
- Vérifier les délais, les conditions de financement, les droits de rétractation.
- S’assurer que tous les diagnostics techniques sont joints.
3. Se lancer sans budget global
Acheter un bien, ce n’est pas seulement payer un prix affiché. C’est aussi :
- des frais de notaire (~7-8% dans l’ancien),
- des frais d’agence (souvent entre 4 et 6%),
- des travaux éventuels,
- et les charges futures (taxe foncière, charges de copropriété, entretien…).
Ne jamais se baser uniquement sur sa capacité d’emprunt, mais prévoir une enveloppe globale.
4. Oublier les règles d’urbanisme
Un joli terrain ou une maison avec potentiel ? Attention à ce que dit le PLU (Plan Local d’Urbanisme). Certaines parcelles ne sont pas constructibles, ou soumises à des règles très strictes : servitudes, zones inondables, patrimoine protégé, etc.
À vérifier en mairie ou sur le Géoportail de l’urbanisme :
https://www.geoportail-urbanisme.gouv.fr
5. Négliger les diagnostics techniques
Avant d’acheter, il faut exiger un Dossier de Diagnostics Techniques (DDT) à jour. Il inclut notamment :
- Diagnostic de performance énergétique (DPE),
- Amiante, plomb, termites,
- État de l’installation gaz/électricité,
- Risques naturels et technologiques.
Ces documents sont obligatoires pour protéger l’acheteur. Leur absence peut entraîner l’annulation de la vente.
6. Sous-estimer les enjeux de la copropriété
Acheter en copropriété (appartement, lot en résidence) implique des règles spécifiques :
- Lire le règlement de copropriété,
- Examiner les 3 derniers PV d’assemblées générales,
- Vérifier l’état du fonds de travaux,
- Évaluer les charges courantes et les travaux à venir.
7. Acheter à deux sans anticiper les conséquences juridiques
En couple, acheter à deux peut sembler naturel. Mais il y a plusieurs régimes juridiques selon le statut marital :
- Concubinage : l’achat en indivision est risqué en cas de séparation.
- PACS : mieux vaut rédiger une convention claire.
- Mariage : le régime matrimonial a des conséquences en cas de divorce ou décès.
Le notaire peut vous aider à choisir la bonne formule.
8. Négliger les conséquences fiscales
Certains oublient que l’immobilier est fortement taxé à la revente, surtout pour les résidences secondaires ou les biens locatifs :
- Plus-value imposable (sauf résidence principale),
- Taxe sur les logements vacants,
- IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) pour les gros patrimoines.
Anticiper la fiscalité évite les mauvaises surprises, surtout pour les investisseurs.
9. Mal estimer la valeur du bien
Acheteurs comme vendeurs ont parfois une vision faussée du prix réel d’un bien. Résultat :
- un bien surévalué ne se vend pas,
- un bien sous-évalué vous fait perdre de l’argent.
Pour une estimation sérieuse :
- Comparez avec Patrim (accès via impots.gouv.fr),
- Consultez un notaire ou un agent immobilier indépendant,
- Analysez les ventes récentes dans le même secteur.
10. Acheter sur un coup de cœur sans vérifier la réalité du terrain
Le coup de cœur est humain… mais dangereux si on ne fait pas de vérifications objectives :
- Le bien est-il réellement en bon état ?
- Quelles sont les nuisances possibles ?
- Le quartier est-il stable, bruyant, bien desservi ?
Visitez à différents moments de la journée, parlez aux voisins, interrogez les commerçants.
11. Ne pas se protéger en tant qu’investisseur
En investissement locatif, il est essentiel de :
- souscrire une assurance loyers impayés,
- bien rédiger les baux,
- respecter les règles du meublé vs nu,
- comprendre les régimes fiscaux (LMNP, LMP, micro-BIC, etc.).
Pour aller plus loin : Service-public.fr – Louer un logement
12. Penser que le notaire est interchangeable
Le notaire n’est pas un simple « tampon » légal. C’est un acteur central de votre projet. Choisissez-le de confiance, disponible, et compétent en immobilier.
Bon à savoir : l’acheteur et le vendeur peuvent chacun avoir leur notaire. Les deux travailleront ensemble, sans surcoût pour vous.
13. Croire que tout est urgent
Enfin, la précipitation est l’ennemie des bonnes décisions. L’immobilier est un marché lent, avec peu de place à l’improvisation.
Prenez le temps :
- d’analyser,
- de consulter,
- de comparer,
- de réfléchir.
Pour conclure
Que vous soyez primo-accédant, vendeur ou investisseur, l’immobilier est un univers où la prudence, l’information et l’accompagnement juridique font toute la différence.
En suivant ces 13 conseils – validés par des professionnels du droit et du terrain –, vous réduisez considérablement vos risques, et maximisez vos chances de réussite.
À retenir : Un projet immobilier bien préparé, c’est 80% du chemin vers la tranquillité.